Le blog d’Amaïa

L’industrie du luxe est-elle compatible avec le développement durable ?

Jan 9, 2024

Le luxe a un rôle social à jouer. Ses marques définissent les tendances et amorcent le changement. Le secteur est mis aujourd’hui face à un nouveau défi, celui de la nécessité de la transition écologique. Peut-on concilier luxe et développement durable ? L’industrie a pris cette question à bras-le-corps. État des lieux de cette révolution verte déjà en marche.

Qu’est-ce que le luxe responsable ?

Le luxe n’est pas incompatible avec les valeurs du développement durable, si on revient à l’essence de son industrie. Ses produits sont synonymes d’hédonisme, mais aussi de qualité extrême et de durabilité. Ils sont issus de matières premières rares, qui doivent être préservées pour pouvoir perdurer. Cette industrie est dépendante du savoir-faire d’artisans exceptionnels, dont le travail résiste à l’épreuve du temps. Ses grandes marques ont une mission sociétale de par leur représentation : elles incarnent l’élite, définissent les tendances, amorcent les changements. Et par les temps qui courent, la nécessité de la transition écologique s’impose.

« L’industrie est intrinsèquement durable : le propre du luxe est de produire, de façon très adaptée à la demande, des objets de haute qualité, qui vont durer dans le temps. » Hélène Valade, directrice développement et environnement chez LVMH.

Le luxe responsable a conscience que son modèle provient de la nature. En ce sens, il doit user de ses ressources de manière raisonnée, réfléchir à son impact sur la biodiversité et l’environnement qui lui sont liés. C’est une industrie qui valorise le savoir-faire local et sa main-d’œuvre, tout en assumant sa position d’avant-garde : pour rester pionnière, elle innove dans le sourcing, la conception et la fabrication de ses produits. Pour en savoir plus sur les tendances actuelles dans l’industrie du luxe, consultez notre article dédié.

Luxe et développement durable : les enjeux de la transition

L’opinion publique évolue depuis la crise sanitaire, qui a éveillé un réel désir de privilégier une consommation responsable et durable. Selon une étude du Boston Consulting Group, 64 % des futurs consommateurs de la génération Z veulent des entreprises engagées. Selon un sondage de l’IFOP, 25 % de la population partage le même souhait. Le luxe étant associé à l’excellence, il est attendu une réputation irréprochable de la part des grandes maisons. Aux yeux du public, il existe cependant une dissonance ressentie entre l’image de l’industrie et celle du développement durable. Cette opinion peut se comprendre, alors que le secteur de la mode reste parmi les plus polluants au monde.

À l’échelle mondiale, l’industrie textile émet 1,2 milliard de tonnes de CO2 chaque année, selon le rapport de la Fondation Ellen MacArthur.

Sont en cause :

  • la situation des animaux dans les élevages,
  • le transport des marchandises,
  • la multiplication des emballages,
  • ou encore l’utilisation de substances polluantes pour le traitement des tissus.

L’univers du luxe est attendu au tournant pour instaurer de profonds changements dans ses pratiques. Ceci implique de revoir sa chaîne de production tout en privilégiant l’innovation :

  • améliorer la traçabilité des matières premières,
  • assurer les conditions de travail de ses salariés,
  • trouver des alternatives aux produits toxiques,
  • mieux gérer la consommation en eau et énergie,
  • réduire ses déchets ainsi que ses émissions de gaz à effet de serre.

Quelles sont les pratiques en faveur du développement durable ? Zoom sur les maisons de luxe pionnières

Dès 1992, le groupe LVMH s’est imposé comme pionnier en créant une direction environnement. Un réel virage s’est cependant opéré en 2015 pour l’ensemble du secteur. Un grand nombre de marques se réinventent, avec l’ambition de suivre les normes RSE établies pour les entreprises.

Contrôle des émissions de gaz et réduction des emballages

Gucci s’est engagé à réduire de 45 % ses émissions de CO2 et favoriser les énergies renouvelables. Chanel a lancé son programme « Mission 1° 5 », qui vise à diviser par deux ses émissions de gaz d’ici à 2030. Pour le groupe Kering, la neutralité carbone sera atteinte en 2050. Dans le cadre de son plan « Life 360 », LVMH prévoit de ne plus utiliser de plastique vierge dans ses emballages à l’horizon 2026. Pour mieux contrôler son impact, Kering a conçu l’outil pionnier EP&L : il permet de mesurer les émissions de CO2, la pollution de l’eau, ou encore la production de déchets sur toutes ses entreprises.

Lire également : Les tendances dans le packaging haut gamme

 

Bien-être animal et traçabilité des matières premières

Si l’on devait citer une créatrice pionnière en matière de luxe responsable, ce serait Stella Mc Cartney. Sa maison fondée en 2001 n’utilise aucune matière première d’origine animale. Concernant le reste du secteur, LVMH s’est donné 5 ans pour exploiter exclusivement des matières premières certifiées sans impact sur les écosystèmes et océans.

Upcycling et économie circulaire

Gucci a rejoint la fondation Ellen MacArthur, qui milite pour l’économie circulaire. L’entreprise se pose comme un exemple à suivre. Elle promeut une mode qui se régénère, avec un impact environnemental moindre. À noter la collection « Gucci off the Grid », basée sur des matières de seconde main. Si des créateurs à l’image de John Galliano ont conçu des collections upcyclées, Hermès reste un pionnier dans le domaine avec sa collection Petit H.

Innovation

LVMH et Kering investissent dans la création de matériaux nobles et écoresponsables. Le Fashion Tech Lab a conçu un cuir à base de mycélium ou encore une soie biodégradable. La start-up mexicaine Desserto notamment a été primée lors des LVMH innovation Award pour la conception de cuir végétal à partir de cactus.

Commercialisation à l’internationale

Le développement durable est moins une préoccupation dans les pays émergents qu’en Europe ou aux USA. Mais si le respect des normes RSE implique des changements, l’export ne s’en trouve pas tant affecté. L’industrie du luxe vend un savoir-faire et une qualité exceptionnelle, qui font l’attente des consommateurs. Ce sont surtout les stratégies marketing qui sont à réinventer selon les régions du monde, en fonction des cultures et des habitudes du public.

 

L’heure est à l’action en faveur du développement durable, et l’industrie l’a bien compris. Les entreprises se réinventent, et de nombreux défis restent à relever, à l’instar de LVMH et Kering qui investissent dans d’ambitieux programmes qui témoignent de leur volonté de changement. Le luxe durable n’est plus un concept, mais une réalité.